5 mars 2013

Du crow-funded à l'open-source : la ville nous appartient !

Les projets urbain en crow-funded se multiplient. Que ce soit à Rotterdam (Pays-Bas) où les habitants, la société civile et les acteurs économiques peuvent acheter une planche gravée en leur nom pour financer la construction d'un pont piéton, ou encore à Flasgtaff (Arizona, USA) où les donateurs pour la construction d'un espace public de centre-ville ont pu laisser des messages personnels dans la brique...les citadins deviennent ainsi les principaux financeurs des opérations d'urbanisme.



Flagstaff, Arizona, USA : 
les habitants, contributeurs financiers de l'espace public, écrivent des histoires dans le pavé


Et si la puissance publique s'efface et que le citoyen devient le principal financeur de l'espace urbain, il devient légitime et quasi-incontournable de lui demander son avis. Mais bien plus qu'un entépénultième processus de concertation stérile, pourquoi ne pas lui donner les moyens d'agir directement sur l'espace public ? C'est là que l'urbanisme open-source intervient...

Revenons à l'origine. Qu'est-ce que l'open source en informatique ? Pour résumer, c'est une forme de logiciel dont le code source (la "charpente" du programme) est mis à la disposition de l'ensemble des utilisateurs et peut être modifié (amélioré, personnalisé...) par eux. - pour plus de détails, lire ça - L'idéologie sous-jacente de l'open source est que le logiciel et les programmes informatiques appartiennent au patrimoine commun et ne sont pas des produits protégés et brevetés à tout va destinés au commerce.


Le concept d'urbanisme open source est aujourd'hui employé notamment par la plateforme BIMBY+ (Build in my backyard) qui met à disposition de tous les acteurs du périurbain, des habitants aux élus en passant par les promoteurs immobiliers, ses connaissances et ses forces de propositions sur la densification et le potentiel positif dont les zones pavillonnaires disposent. D'autres évoquent "la ville open source "comme une cité des start-up de logiciel libre et à un rôle de plus en plus actif des citadins dans la gestion locale. Le marketing urbain n'est pas en reste, en témoigne l'imaginaire proliférant de la ville collaborative où l'imagination semble prendre le pouvoir. 

A plus fine échelle, celle de l'espace public, la réflexion sur la ville open-source peut aller plus loin.  Bien sûr, il n'y a pas encore besoin de codes d'accès ou de licence commerciale pour accéder à l'espace public. Mais il vous est certainement déjà arrivé de regretter l'absence d'espace de convivialité sur telle grande place de rendez-vous urbain ou de pester contre des passages piétonniers placés trop loin par rapport aux flux quotidiens des piétons qui se dirigent vers la bouche de métro ou le centre commercial à proximité. La sécurité nous est imposée d'en haut (pas de bancs sur cet espace pour éviter tout regroupement agressif !) et le confort urbain souvent étudié d'un point de vue technique (si on place ce passage piétons très passant à la sortie du rond-point, bonjour les encombrements sur la chaussée..). Et si finalement, les meilleurs urbanistes, les designers urbains les plus pertinents étaient les habitants eux-même ?

Certains hacktivistes urbain n'ont pas attendu l'urbanisme open-source 
pour transformer la ville en terrain de jeux.

C'est là où l'on peut se demander si on ne pourrait pas appliquer à la fabrication même de l'espace urbain cette notion d'open-source. C'est-à-dire que l'on laisserait à la disposition des habitants le "code source" d'un projet d'urbanisme, sur un site internet dédié par exemple. Une petite partie de SimCity et chacun est libre de proposer les aménagements qui lui paraissent les plus intéressants. La récolte des petits projets individuels donneraient une vision d'ensemble des attentes et des envies des habitants, une vision peut-être plus évocatrice et ludique qu'une enquête statistiques ou des réunions publiques stériles.

Une fois les projets concrétisés et construits, on pourrait imaginer proposer aux citoyens des modèles pour la fabrication d'un banc public, d'un passage piéton ou d'un lampadaire, via des imprimantes 3D notamment (une forme de légalisation de l'hacktivisme urbain clandestin... à l'image de la récupération marketing du street art ?). On offrirait ainsi aux citadins un contrôle permanent de leur environnement, des espaces dans lesquels ils seraient libre d'écrire et d'inventer leur urbanité. Réduits à leurs fonctions "régalienne" (police, justice), les pouvoirs locaux s'effaceraient définitivement et rendraient aux habitants la gestion et l'imagination de leur ville.