28 avr. 2013

Vers la commercialisation des symboles de l'architecture.


Certains plans de Richard Neutra© ont été récemment proposés à tout un chacun contre paiement bien entendu afin de pouvoir se faire sa propre maison estampillée "Neutra©" infos >>ici<< et si vous voulez la votre >>là<<. Après les starchitectes que les villes s'arrachent comme de véritables marques pour redorer leurs images aux yeux des investisseurs et des touristes. Nous entrons dans la phase de commercialisation des marques symboles de l'histoire de l'architecture !!!

Un chef d'œuvre de l'architecture ne devrait pas rester la propriété exclusive d'un riche collectionneur de villas modernes. Il n'y a donc au final rien de choquant à construire et construire encore la même maison aussi emblématique soit-elle. Nous sommes maintenant habitués à l'immoralité de notre société de consommation libérale mais de là à cloner des maisons d'architectes, soit ils n'ont plus d'imagination, soit ils en ont trop...

Il est vrai que la série des Case Study Houses, dont font partie certaines maisons de Neutra©, avaient comme objectif d'établir un nouveau model d'habitat pour une production industrielle. Mais la plus grande réussite de ces maisons n'est elle pas justement que la mission ait partiellement échouée et que ces maisons soient restées uniques ? Ont ils pensés que ces maisons prennent toutes leurs forces dans leur site majestueux ?

Allons jusqu'au bout du processus, pourquoi ne pas vendre les plans de toutes les maisons emblématiques une fois leurs architectes disparus ?  Traitons les chef-d'œuvres du modernisme comme de vulgaires maisons Phoenix pour que tout le monde en ait une!!!

Case Study House n°22© avec vue sur les 4000

















si tout le monde veut sa Falling Water® faisons des lotissements... 


















Le Corbusier® au fond d'une impasse en raquette, ça existe presque déjà... ici

5 mars 2013

Du crow-funded à l'open-source : la ville nous appartient !

Les projets urbain en crow-funded se multiplient. Que ce soit à Rotterdam (Pays-Bas) où les habitants, la société civile et les acteurs économiques peuvent acheter une planche gravée en leur nom pour financer la construction d'un pont piéton, ou encore à Flasgtaff (Arizona, USA) où les donateurs pour la construction d'un espace public de centre-ville ont pu laisser des messages personnels dans la brique...les citadins deviennent ainsi les principaux financeurs des opérations d'urbanisme.



Flagstaff, Arizona, USA : 
les habitants, contributeurs financiers de l'espace public, écrivent des histoires dans le pavé


Et si la puissance publique s'efface et que le citoyen devient le principal financeur de l'espace urbain, il devient légitime et quasi-incontournable de lui demander son avis. Mais bien plus qu'un entépénultième processus de concertation stérile, pourquoi ne pas lui donner les moyens d'agir directement sur l'espace public ? C'est là que l'urbanisme open-source intervient...

Revenons à l'origine. Qu'est-ce que l'open source en informatique ? Pour résumer, c'est une forme de logiciel dont le code source (la "charpente" du programme) est mis à la disposition de l'ensemble des utilisateurs et peut être modifié (amélioré, personnalisé...) par eux. - pour plus de détails, lire ça - L'idéologie sous-jacente de l'open source est que le logiciel et les programmes informatiques appartiennent au patrimoine commun et ne sont pas des produits protégés et brevetés à tout va destinés au commerce.


Le concept d'urbanisme open source est aujourd'hui employé notamment par la plateforme BIMBY+ (Build in my backyard) qui met à disposition de tous les acteurs du périurbain, des habitants aux élus en passant par les promoteurs immobiliers, ses connaissances et ses forces de propositions sur la densification et le potentiel positif dont les zones pavillonnaires disposent. D'autres évoquent "la ville open source "comme une cité des start-up de logiciel libre et à un rôle de plus en plus actif des citadins dans la gestion locale. Le marketing urbain n'est pas en reste, en témoigne l'imaginaire proliférant de la ville collaborative où l'imagination semble prendre le pouvoir. 

A plus fine échelle, celle de l'espace public, la réflexion sur la ville open-source peut aller plus loin.  Bien sûr, il n'y a pas encore besoin de codes d'accès ou de licence commerciale pour accéder à l'espace public. Mais il vous est certainement déjà arrivé de regretter l'absence d'espace de convivialité sur telle grande place de rendez-vous urbain ou de pester contre des passages piétonniers placés trop loin par rapport aux flux quotidiens des piétons qui se dirigent vers la bouche de métro ou le centre commercial à proximité. La sécurité nous est imposée d'en haut (pas de bancs sur cet espace pour éviter tout regroupement agressif !) et le confort urbain souvent étudié d'un point de vue technique (si on place ce passage piétons très passant à la sortie du rond-point, bonjour les encombrements sur la chaussée..). Et si finalement, les meilleurs urbanistes, les designers urbains les plus pertinents étaient les habitants eux-même ?

Certains hacktivistes urbain n'ont pas attendu l'urbanisme open-source 
pour transformer la ville en terrain de jeux.

C'est là où l'on peut se demander si on ne pourrait pas appliquer à la fabrication même de l'espace urbain cette notion d'open-source. C'est-à-dire que l'on laisserait à la disposition des habitants le "code source" d'un projet d'urbanisme, sur un site internet dédié par exemple. Une petite partie de SimCity et chacun est libre de proposer les aménagements qui lui paraissent les plus intéressants. La récolte des petits projets individuels donneraient une vision d'ensemble des attentes et des envies des habitants, une vision peut-être plus évocatrice et ludique qu'une enquête statistiques ou des réunions publiques stériles.

Une fois les projets concrétisés et construits, on pourrait imaginer proposer aux citoyens des modèles pour la fabrication d'un banc public, d'un passage piéton ou d'un lampadaire, via des imprimantes 3D notamment (une forme de légalisation de l'hacktivisme urbain clandestin... à l'image de la récupération marketing du street art ?). On offrirait ainsi aux citadins un contrôle permanent de leur environnement, des espaces dans lesquels ils seraient libre d'écrire et d'inventer leur urbanité. Réduits à leurs fonctions "régalienne" (police, justice), les pouvoirs locaux s'effaceraient définitivement et rendraient aux habitants la gestion et l'imagination de leur ville.

18 févr. 2013

La retraite du chevalier noir : AR Drone & la ville justicière

S'il est un super-héros qui fait indéniablement corps avec la ville, c'est bien Batman, alias The Dark Knight.  Les trois derniers opus du héros de Marvel réalisés par Christopher Nolan montrent à quel point ce personnage n'est au final que l'âme vengeresse et assoiffée de justice de la société urbaine pervertie de Gotham City.


Le désespoir des habitants de la ville est si grave qu'ils s'en remettent, contre toutes les lois de la raison et de la démocratie, à un seul et unique juge vengeur anonyme. Ces films et les comics dont ils sont inspirés nous proposeraient-ils une vision prophétique de sociétés urbaines où le sentiment d'insécurité grandit et où l'impuissance des pouvoirs publics pour endiguer la violence est communément admise ?

Batman, le salut de villes en perdition ? Un gadget high-tech présenté en avant-première lors du dernier CES de Las Vegas nous fait dire le contraire. Non, nos villes n'auront pas besoins d'athlètes masqués en costume moulant suréquipés pour assurer la paix civile. Bruce Wayne peut ranger sa cape et son armure, la technologie vole au secours des citoyens désemparés. La ville de demain sera justicière où ne sera pas.


Rappelez-vous du sonar dans "The Dark Knight" (film n°2) qui permettait à Batman de capter les mouvements dans les moindres recoins de la ville pour débusquer le Joker. Quel moyen plus efficace de prévenir et punir le crime que d'avoir, sur un seul et même écran, des yeux et des oreilles aux quatre coins de la ville ? Alors bien sûr, des villes comme Londres où Los Angeles sont déjà suréquipées en surveillance vidéo. Mais pour dépasser la contrainte de l'immobilité et du champ fixe, des ingénieurs ont mis au point une caméra mobile volante, pilotable depuis un iPhone sur lequel sont retransmises les images capturées par la caméra.


Alors évidemment, c'est l'aspect ludique (voir ou ) de ces petits engins qui est mis en avant par les concepteurs. Mais imaginons un instant des centaines de ces petits robots volants vendus en grande distribution, dispersés dans toute une ville aux mains de n'importe quel citoyen: impossible alors d'échapper à l'oeil de Big Brother. La soif de paix civile et de sécurité fera de chacun de nous un criminel en puissance ou un justicier averti (...ou un espion indiscret ?)



Couplée à l'algorithme MinoryReportesque permettant d'anticiper le lieu et la période d'hypothétiques récidives d'actes criminels, ces yeux de lynx mobiles seront une arme de surveillance massive au service des forces de l'ordres ou de n'importe quel quidam. No more crime. Ou quand la technologie met Batman à la retraite.

19 oct. 2012

"Rêver Rouen" - La ville débordante

En parallèle de l'exposition "Rêver Rouen" qui se déroule à L'Abbatiale Saint Ouen de Rouen du 20 octobre au 16 décembre 2012, voici quelques photos du rendu de la proposition de "City-in-Progress" intitulée "La ville débordante".

23 mai 2012

Schizophrenic-City

Si la ville que nous désirons vraiment était instable, menaçante, irrationnelle ou abandonnée?

Les acteurs de la ville, urbanistes et architectes en tête sont pour la plupart atteints d'une certaine schizophrénie entre la ville qu'ils font et celle qu'ils aiment. D'un coté la ville fonctionnelle qui répond efficacement à ce qu'on attend d'elle en proposant un cadre esthétique, économique et écologique satisfaisant. C'est l'idéal pour lequel travaillent tous ces professionnels à coup d'éco-quartier, de programmes mixtes et de circulations douces... Mais l'imaginaire de la ville qui habite chacun de nous, celui qui crée l'émotion urbaine est fait de tout autre chose. C'est une ville chimérique aux multiples visages tantôt irrationelle, menaçante et dominant ses habitants, tantôt abandonnée, déserte et reconquise par les éléments...

perdu dans l'imaginaire urbain... Petit quizz...?  

La ville est un acteur omniprésent au cinéma, dans la pub, les jeux vidéos, la littérature, la BD... bref nous vivons dedans (certains habitent quand même encore dans cette partie du territoire que l'on trouve entre chaque ville, "la campagne") Mais le portrait de la ville qui nous est fait via tous ces médias ne correspond pas vraiment à certaines affiches de promoteurs, non?

Ils ont l'air gentil vos futur voisins... puis c'est vert, c'est bien, c'est beau...

Ce modèle urbain vante les vertus d'une ville paisible faite de petits collectifs ou de pavillons individuels le tout cerné de végétation bien entretenue. Cette ville mignonne où ne vivent que des gens bien élevés, beaux et souriants, semble être à l'image du désir d'habiter partagé par le plus grand nombre. Cet "urban way of life" régit par le loisir dominical, la sortie en voiture au centre commercial, la fête des voisins et la sortie du chien semble faire état d'une réussite matérielle créant un sentiment de bonheur... du moins on l'espère pour eux. Voir "le nouveau bonheur français"de Hacène Belmessous.  

Ces séduisantes affiches de propagande urbaine qui fleurissent le long des routes annonçant l'arrivée de cette jolie ville vont pourtant à contre sens de l'imaginaire urbain du public visé. Il y a bien "Desperate Housewives" qui fait l'éloge de ce modèle mais la grande majorité de l'imaginaire urbain de la culture mainstream et fait de villes tentaculaires, dangereuses et ultra-modernes (Blade Runner, Metropolis, Coruscant, Gotham City, etc...) On ne compte même plus le nombre de fois où New York a été détruite, inondée, envahie ou abandonnée, dernière en date "The Avengers" pour une facture estimée à 160 milliards.

La ville infernale, surhumaine, démesurée, délirante hante l'inconscient collectif

Les archis, urbanistes et scénaristes urbains en tous genres sont pris entre cette image qui habite l'imaginaire et ce que veulent les gens au final comme cadre de vie, tout le monde ne veut pas voir débarquer des hélicoptères au dessus de chez lui, ou se retrouver à l'ombre d'un downtown ultra-congestionné de tours reliées par des autoroutes suspendues recouvertes de pubs et d'écrans géants. 

Certains ont bien compris cela en proposant des agences aux deux visages, c'est le cas de Rem Koolhaas dont l'agence OMA s'est dédoublée il y a 10 ans pour créer AMO, un think tank qui n'a pas vocation à construire mais à questionner la manière dont nous faisons de l'architecture aujourd'hui. Le dédoublement de la conception architecturale revendiquée par Koolhaas à travers ses deux agences lui permet de jouer sur les deux tableaux de la Schizophrenic-City. À voir, cette excellente conférence sur les smart-building de Koolhaas où il présente sa vision de l'architecture et le dialogue qui se crée entre OMA et AMO ici. Big surfe également sur cette vague stimulante d'une architecture débridée, libérée de ses codes trop conventionnels pour satisfaire l'imaginaire urbain contemporain. Plus souvent dans la prospective que dans le concret les projets de Big évoquent cette ville qui vient, peut être. Avant eux, ce sont Archigram, Superstudio, et d'autres (ici) qui ont plantés le décor de cette urbanité fantasmée. 

Saurons-nous réconcilier les deux pour faire de la ville une expérience singulière et enthousiasmante ? Ou devrons nous encore compter sur le cinema, la littérature, la BD et les jeux vidéo pour vivre par procuration cet "urban way of life" ? 

8 mai 2012

Franchisons l'infranchisable!

À force d'insister, les politiques, les forces de l'ordre et la bienséance commune vont finir par avoir raison de ces ordes d'indignés, de ces caravanes de Roumains, de ces SDF et de tous ces gens qui font l'originalité du paysage urbain. Dans la ville aseptisée, nettoyée de tous ses parasites sociaux, l'homo-urbanus se retrouve seul protagoniste d'une modernité qui l'ennuie profondément. Cette ville qui faisait rêver se retrouve être un cauchemar....

Maintenant que les bancs anti-sdf, que les plots anti-caravanes et que les caméras de surveillance quadrillent le moindre recoin, la ville est vidée de son sens, purgée de ces éléments qui rendaient autrefois l'expérience de la ville excitante. 

Pour remédier à cette situation, nous lançons une franchise urbaine d'un nouveau genre. Nous proposons les accessoires et les habits reprenant les codes d'une population urbaine en voie de disparition. Moyennant un prix de location journalier, vous aurez à disposition l'ensemble de la panoplie désirée pour jouer le rôle que vous désirez.

Un catalogue d'accessoires et de vêtements, couvrant un large choix de personnages, du SDF au roumain en passant par le punk à chien. Grâce à cette nouvelle collection, vous aussi participez à la reconstitution du paysage urbain d'autrefois. Au delà du prix de location le bénéfice est pour vous!!! 


4 mai 2012

Urbanistes méconnus, le clash ! (partie 2/3) : RockStar Games



Chez Rockstar Games, on prend délibéremment le contre-pied de l'encadrement quasi liberticide caché par l'apparente bienveillance de Mickey pour proposer un modèle urbain clair simple et transparent : un seul mot d'ordre, la liberté; une seule monnaie d'échange, le fuck remplace le dollar.


Libertaire, c'est ainsi que l'on pourrait nommer le modèle urbain proposé au cours des différents opus de la série Grand Theft Auto. Prônant une liberté absolue et rejettant toute autorité, le citadin libertaire parcours la ville à pieds, en voiture volée, ne respecte pas le code de la route, participe aux guerillas urbaines et fait transiter des armes par sa planque au fond d'une impasse coupe-gorge.

Il connaît toute les prostituées de la ville et magouille avec leur mac, il n'hésite pas à trahir son chef de gang mais, tel un pirate, en assume les conséquences (des quartiers entiers de la ville qu'il lui faut désormais traverser au péril de sa vie).

Anarchiste, le citadin libertaire de GTA ne respecte aucune forme d'autorité morale. Aucune forme d'autorité n'arrive d'ailleurs à se faire respecter dans la ville libertaire. A Liberty City, un décret anti-mendicité déclencherait immédiatement une guerre civile de clochards puants armés jusqu'au cou.  Quand aux réseaux de drogues, contrefaçons et autres traites des blanches, le maire n'aurait sans doute aucun intérêt à les voir être dévoilés au grand jour. En fait, l'autorité n'existe pas. Le libéralisme à son paroxysme.

L'urbanisme GTA est façonné par la guerre. La guerre des gangs, ou même, plus souvent, celle de chacun contre tous. Aucun schéma, aucune théorie ne peut résumer cet urbanisme. 


A l'image du comportement des citoyens de la ville, la liberté de mouvement et d'action est la seule régulatrice des mutations urbaines. Et le facteur socio-économique, bien que visuellement encore présent, ne constitue pas d'entrave à l'ascension mafiosa : pas de caisse ? voles-en une ! pas d'argent ? lance ton business ! pas d'armes ? associe-toi !

Cet urbanisme est indiscutablement lié à la voiture et aux armes. Mais surtout au capitalisme et à ses dérives néolibérales. Aucun Plan local d'urbanisme, aucun Master Plan ne semble avoir la capacité d'empêcher la privatisation des espaces par des gangs ou des familles puissantes.

Quel plaisir, quel excitation, quel sentiment exalté de liberté dans les mouvements et les actes que d'incarner les héros ordinaires de GTA ! Au fond, l'imaginaire que nous vend RockStar Games, c'est ce futur que nous sentons inéluctable, ce chaos que nous sentons approcher, celui qui nous fascine et nous révulse à la fois...

Ce désir inconscient de chaos propre à l'être urbain 
est très bien illustré dans le film Taxi Driver de Sorcese. 

Taxi Driver pourrait en quelque sorte constituer un prologue de la série GTA. Au volant de son taxi, Travis erre sans but dans une ville schizophrène où la campagne électorale détourne les yeux de la prostitution de mineures qui gangrène la ville. Traumatisé par le chaos de la guerre du Vietnam, Travis ne résiste pas longtemps à la pression de la société et le massacre final achève de faire basculer la ville dans un bain de sang et de violence...avant un "retour à la normale" quasi-divin en toute fin de film, illustrant cette incroyable schizophrénie urbaine qui menace à chaque instant de faire basculer la civilisation dans le brouillard, cette schizophrénie que chaque citadin peut percevoir et ressentir par moments.

Quand un parking est privatisé par une bande de gangsters, la virtualité du jeu vidéo rejoindrait-elle la réalité ? Quand le chaos urbain fait une brutale apparition, l'urbanisme GTA serait-il en train de se répandre sous nos yeux impuissants ? 

Pourtant, cette ville du chaos tant fantasmée voire désirée est une ville combattue et dénigrée par les autorités et les citoyens, lesquels lui préfèrent peut-être une violence plus vicieuse, moins perceptible et surtout plus "civilisée"... à la Disney


30 avr. 2012

L'histoire s'acharne sur le triangle de Gonesse...

Pendant la Première Guerre mondiale, l'État Major avait entrepris la construction d'un double de Paris afin de piéger les pilotes allemands venus bombarder la capitale. À cette époque, les bombardements ont lieu uniquement la nuit à cause des progrès faits par les batteries anti-aériennes qui causaient trop de pertes en vol de jour. Les pilotes bombardent à vue, pas de radar encore moins de GPS, ils se repéraient donc avec les monuments éclairés et le dessin des axes de circulation ; chaque ville ayant une structure urbaine bien identifiable.


Ce projet un peu fou, qui semble bien dérisoire face à une escadre de bombardiers n'a pas eu le temps de montrer son efficacité, la signature de l'Armistice mettant fin aux combats peu après le début de la construction de ce leurre lumineux. Il ne reste donc pas grand chose de ce projet mais des documents précis montrent l'ampleur de l'entreprise. Les plans prévoyaient des structures rudimentaires en bois pour reconstituer les gares, les rues et les grands monuments, le tout éclairé la nuit grâce à la fée électricité. Une fois ce leurre en place, le vrai Paris devait être plongé dans le noir total pour finaliser l'artifice.


Xavier Boissel, dans son livre "Paris est un leurre" aux éditions Inculte, retourne sur les traces de ce double de Paris et fait le récit de l'arpentage du terrain, une expérience sémiologique plus qu'archéologique au vu du peu d'éléments restants. L'idée n'étant pas de chercher des traces effectives de ce leurre mais plutôt de sentir l'esprit du lieu, d'apprécier le travail du temps et les interprétations qui s'offrent à ceux qui regardent la réalité autrement. J'ai eu la chance de participer aux deux arpentages sur zone, à Herblay puis à Gonesse. Hasard géographique, mise en scène douteuse ou bug dans la matrice on fait de notre parcours un enchainement de découvertes chargées de sens... Sur le site A2, où devaient prendre place les reconstitutions de Saint Denis et des gares du Nord et de L'Est, le bunker qui défendait le générateur électrique abrite aujourd'hui un terrain de paint ball, on trouve également un stand de ball trap et le lieu du crash du Concorde... Dans cette zone où devait prendre place une des plus grande opération de désinformation visant à sauver Paris, on retrouve aujourd'hui une mise en scène de la guerre et l'endroit qui a profondément marqué l'histoire de l'aéronautique. (page web illustrant les parcours) Pour avoir le récit complet, achetez le livre ! :) 


Mais l'histoire ne s'arrête pas là. À peine remis de nos excursions, Auchan annonce vouloir construire le plus grand centre commercial d'Europe aux portes de Paris. Ce complexe gigantesque nommé Europa City devrait proposer  250 000m2 de commerces, 160 000m2 dédiés aux loisirs, 30 000m2 de salles de spectacles des studios et une piste de ski. 

Le site retenu pour installer cet équipement démesuré n'est autre que le triangle de Gonesse, l'endroit même où une partie du faux Paris devait prendre place... 

Quatre grandes agences planchent actuellement sur le projet. L'ampleur du programme oblige de travailler à l'échelle du territoire, la soucoupe volante de Big ou le soulèvement de sol de Snohetta reprennent cette idée en proposant de poursuivre le paysage rural sur le toit du complexe. Le projet de Valode et Pistre frôle de peu l'idée que vous devinez surement déjà, en proposant un carré abstrait en dessous duquel coule une "rivière"...


Lorsque l'on travaille un programme aussi important et diversifié, la question du plan régulateur se pose...
Après avoir suivi les traces du faux Paris, ce master plan est tout trouvé! Pourtant aucune proposition ne reprend la forme des rues de la capitale. En se fondant sur les traces du faux Paris, le projet prendrait une dimension historique et ironique, calquant la capitale pour lui offrir un double ludique. Jouant sur cette image et affichant une dose de second degré, le complexe commercial pourrait tenter de se substituer au vrai Paris, ceux qui ne cherchent que le fun et les boutiques ne seraient pas dérangés par l'absence de la tour Eiffel... Plus proche de l'aéroport, cette copie "idéale" permettrait de "parcourir Paris" sans même y mettre les pieds !!! Avant de succomber dans l'écueil du pastiche, nous sommes forcés de constater que la proche périphérie parisienne est déjà adepte du genre. Les villages fraîchement sortis de terre à Val Europe reprennent sans rougir les codes de l'habitat traditionnel francilien.

Ici il n'est pas question d'organiser une énième mise en scène post moderne, mais plutôt d'interpréter le tracé des rues de Paris comme base de départ pour que ce vaisseau du fun mondialisé et détérritorialisé se pose quelque part...

28 avr. 2012

[Rouen...La ville débordante] by City-in-Progress

Nous sommes heureux de vous présenter ce travail effectué dans le cadre d'un appel à projet lancé par la ville de Rouen. Il s'agissait de laisser libre cours à son imagination pour rêver le Rouen du futur.

Puisant dans de nombreux thèmes que vous pouvez retrouver à travers les articles de ce blog, nous avons proposé un projet axé sur les nouvelles pratiques "Fun" de la ville, au coeur d'un Rouen exagérément inondé.

Vous pourrez retrouver ce travail sous forme de maquette/présentation au cours de la prochaine exposition "RÊVER ROUEN" qui aura lieu dès le mois d'octobre au sein de l'Abbatiale Saint-Ouen de Rouen

(cliquez sur l'image pour afficher le diaporama) 

16 avr. 2012

Lille Terril nouveau panorama urbain

Une ville avec du relief c'est beau non ? Malheureusement, à Lille, le sol est désespérément plat. C'est pour cela que nous proposons de déplacer un terril au cœur de la métropole. Autrement plus utile que les bébés dinosaures noirs qui envahirent la rue Faidherbe pour la saison culturelle Lille3000 en 2009, cet emblématique repère offrirait un point de vue panoramique aujourd'hui absent sur la ville. Ses pentes deviendraient un nouveau point de rencontre de jour comme de nuit et un gradin naturel à l'échelle de la ville. Luge en hiver bronzette en été, voila un nouveau support pour de nouvelles pratiques urbaines que les lillois ne manqueront pas de s'approprier!  

il reste à déplacer les 24 000 000 de mètres cube du 11/19 non loin des tours de Jean Nouvel...