19 oct. 2012

"Rêver Rouen" - La ville débordante

En parallèle de l'exposition "Rêver Rouen" qui se déroule à L'Abbatiale Saint Ouen de Rouen du 20 octobre au 16 décembre 2012, voici quelques photos du rendu de la proposition de "City-in-Progress" intitulée "La ville débordante".

23 mai 2012

Schizophrenic-City

Si la ville que nous désirons vraiment était instable, menaçante, irrationnelle ou abandonnée?

Les acteurs de la ville, urbanistes et architectes en tête sont pour la plupart atteints d'une certaine schizophrénie entre la ville qu'ils font et celle qu'ils aiment. D'un coté la ville fonctionnelle qui répond efficacement à ce qu'on attend d'elle en proposant un cadre esthétique, économique et écologique satisfaisant. C'est l'idéal pour lequel travaillent tous ces professionnels à coup d'éco-quartier, de programmes mixtes et de circulations douces... Mais l'imaginaire de la ville qui habite chacun de nous, celui qui crée l'émotion urbaine est fait de tout autre chose. C'est une ville chimérique aux multiples visages tantôt irrationelle, menaçante et dominant ses habitants, tantôt abandonnée, déserte et reconquise par les éléments...

perdu dans l'imaginaire urbain... Petit quizz...?  

La ville est un acteur omniprésent au cinéma, dans la pub, les jeux vidéos, la littérature, la BD... bref nous vivons dedans (certains habitent quand même encore dans cette partie du territoire que l'on trouve entre chaque ville, "la campagne") Mais le portrait de la ville qui nous est fait via tous ces médias ne correspond pas vraiment à certaines affiches de promoteurs, non?

Ils ont l'air gentil vos futur voisins... puis c'est vert, c'est bien, c'est beau...

Ce modèle urbain vante les vertus d'une ville paisible faite de petits collectifs ou de pavillons individuels le tout cerné de végétation bien entretenue. Cette ville mignonne où ne vivent que des gens bien élevés, beaux et souriants, semble être à l'image du désir d'habiter partagé par le plus grand nombre. Cet "urban way of life" régit par le loisir dominical, la sortie en voiture au centre commercial, la fête des voisins et la sortie du chien semble faire état d'une réussite matérielle créant un sentiment de bonheur... du moins on l'espère pour eux. Voir "le nouveau bonheur français"de Hacène Belmessous.  

Ces séduisantes affiches de propagande urbaine qui fleurissent le long des routes annonçant l'arrivée de cette jolie ville vont pourtant à contre sens de l'imaginaire urbain du public visé. Il y a bien "Desperate Housewives" qui fait l'éloge de ce modèle mais la grande majorité de l'imaginaire urbain de la culture mainstream et fait de villes tentaculaires, dangereuses et ultra-modernes (Blade Runner, Metropolis, Coruscant, Gotham City, etc...) On ne compte même plus le nombre de fois où New York a été détruite, inondée, envahie ou abandonnée, dernière en date "The Avengers" pour une facture estimée à 160 milliards.

La ville infernale, surhumaine, démesurée, délirante hante l'inconscient collectif

Les archis, urbanistes et scénaristes urbains en tous genres sont pris entre cette image qui habite l'imaginaire et ce que veulent les gens au final comme cadre de vie, tout le monde ne veut pas voir débarquer des hélicoptères au dessus de chez lui, ou se retrouver à l'ombre d'un downtown ultra-congestionné de tours reliées par des autoroutes suspendues recouvertes de pubs et d'écrans géants. 

Certains ont bien compris cela en proposant des agences aux deux visages, c'est le cas de Rem Koolhaas dont l'agence OMA s'est dédoublée il y a 10 ans pour créer AMO, un think tank qui n'a pas vocation à construire mais à questionner la manière dont nous faisons de l'architecture aujourd'hui. Le dédoublement de la conception architecturale revendiquée par Koolhaas à travers ses deux agences lui permet de jouer sur les deux tableaux de la Schizophrenic-City. À voir, cette excellente conférence sur les smart-building de Koolhaas où il présente sa vision de l'architecture et le dialogue qui se crée entre OMA et AMO ici. Big surfe également sur cette vague stimulante d'une architecture débridée, libérée de ses codes trop conventionnels pour satisfaire l'imaginaire urbain contemporain. Plus souvent dans la prospective que dans le concret les projets de Big évoquent cette ville qui vient, peut être. Avant eux, ce sont Archigram, Superstudio, et d'autres (ici) qui ont plantés le décor de cette urbanité fantasmée. 

Saurons-nous réconcilier les deux pour faire de la ville une expérience singulière et enthousiasmante ? Ou devrons nous encore compter sur le cinema, la littérature, la BD et les jeux vidéo pour vivre par procuration cet "urban way of life" ? 

8 mai 2012

Franchisons l'infranchisable!

À force d'insister, les politiques, les forces de l'ordre et la bienséance commune vont finir par avoir raison de ces ordes d'indignés, de ces caravanes de Roumains, de ces SDF et de tous ces gens qui font l'originalité du paysage urbain. Dans la ville aseptisée, nettoyée de tous ses parasites sociaux, l'homo-urbanus se retrouve seul protagoniste d'une modernité qui l'ennuie profondément. Cette ville qui faisait rêver se retrouve être un cauchemar....

Maintenant que les bancs anti-sdf, que les plots anti-caravanes et que les caméras de surveillance quadrillent le moindre recoin, la ville est vidée de son sens, purgée de ces éléments qui rendaient autrefois l'expérience de la ville excitante. 

Pour remédier à cette situation, nous lançons une franchise urbaine d'un nouveau genre. Nous proposons les accessoires et les habits reprenant les codes d'une population urbaine en voie de disparition. Moyennant un prix de location journalier, vous aurez à disposition l'ensemble de la panoplie désirée pour jouer le rôle que vous désirez.

Un catalogue d'accessoires et de vêtements, couvrant un large choix de personnages, du SDF au roumain en passant par le punk à chien. Grâce à cette nouvelle collection, vous aussi participez à la reconstitution du paysage urbain d'autrefois. Au delà du prix de location le bénéfice est pour vous!!! 


4 mai 2012

Urbanistes méconnus, le clash ! (partie 2/3) : RockStar Games



Chez Rockstar Games, on prend délibéremment le contre-pied de l'encadrement quasi liberticide caché par l'apparente bienveillance de Mickey pour proposer un modèle urbain clair simple et transparent : un seul mot d'ordre, la liberté; une seule monnaie d'échange, le fuck remplace le dollar.


Libertaire, c'est ainsi que l'on pourrait nommer le modèle urbain proposé au cours des différents opus de la série Grand Theft Auto. Prônant une liberté absolue et rejettant toute autorité, le citadin libertaire parcours la ville à pieds, en voiture volée, ne respecte pas le code de la route, participe aux guerillas urbaines et fait transiter des armes par sa planque au fond d'une impasse coupe-gorge.

Il connaît toute les prostituées de la ville et magouille avec leur mac, il n'hésite pas à trahir son chef de gang mais, tel un pirate, en assume les conséquences (des quartiers entiers de la ville qu'il lui faut désormais traverser au péril de sa vie).

Anarchiste, le citadin libertaire de GTA ne respecte aucune forme d'autorité morale. Aucune forme d'autorité n'arrive d'ailleurs à se faire respecter dans la ville libertaire. A Liberty City, un décret anti-mendicité déclencherait immédiatement une guerre civile de clochards puants armés jusqu'au cou.  Quand aux réseaux de drogues, contrefaçons et autres traites des blanches, le maire n'aurait sans doute aucun intérêt à les voir être dévoilés au grand jour. En fait, l'autorité n'existe pas. Le libéralisme à son paroxysme.

L'urbanisme GTA est façonné par la guerre. La guerre des gangs, ou même, plus souvent, celle de chacun contre tous. Aucun schéma, aucune théorie ne peut résumer cet urbanisme. 


A l'image du comportement des citoyens de la ville, la liberté de mouvement et d'action est la seule régulatrice des mutations urbaines. Et le facteur socio-économique, bien que visuellement encore présent, ne constitue pas d'entrave à l'ascension mafiosa : pas de caisse ? voles-en une ! pas d'argent ? lance ton business ! pas d'armes ? associe-toi !

Cet urbanisme est indiscutablement lié à la voiture et aux armes. Mais surtout au capitalisme et à ses dérives néolibérales. Aucun Plan local d'urbanisme, aucun Master Plan ne semble avoir la capacité d'empêcher la privatisation des espaces par des gangs ou des familles puissantes.

Quel plaisir, quel excitation, quel sentiment exalté de liberté dans les mouvements et les actes que d'incarner les héros ordinaires de GTA ! Au fond, l'imaginaire que nous vend RockStar Games, c'est ce futur que nous sentons inéluctable, ce chaos que nous sentons approcher, celui qui nous fascine et nous révulse à la fois...

Ce désir inconscient de chaos propre à l'être urbain 
est très bien illustré dans le film Taxi Driver de Sorcese. 

Taxi Driver pourrait en quelque sorte constituer un prologue de la série GTA. Au volant de son taxi, Travis erre sans but dans une ville schizophrène où la campagne électorale détourne les yeux de la prostitution de mineures qui gangrène la ville. Traumatisé par le chaos de la guerre du Vietnam, Travis ne résiste pas longtemps à la pression de la société et le massacre final achève de faire basculer la ville dans un bain de sang et de violence...avant un "retour à la normale" quasi-divin en toute fin de film, illustrant cette incroyable schizophrénie urbaine qui menace à chaque instant de faire basculer la civilisation dans le brouillard, cette schizophrénie que chaque citadin peut percevoir et ressentir par moments.

Quand un parking est privatisé par une bande de gangsters, la virtualité du jeu vidéo rejoindrait-elle la réalité ? Quand le chaos urbain fait une brutale apparition, l'urbanisme GTA serait-il en train de se répandre sous nos yeux impuissants ? 

Pourtant, cette ville du chaos tant fantasmée voire désirée est une ville combattue et dénigrée par les autorités et les citoyens, lesquels lui préfèrent peut-être une violence plus vicieuse, moins perceptible et surtout plus "civilisée"... à la Disney


30 avr. 2012

L'histoire s'acharne sur le triangle de Gonesse...

Pendant la Première Guerre mondiale, l'État Major avait entrepris la construction d'un double de Paris afin de piéger les pilotes allemands venus bombarder la capitale. À cette époque, les bombardements ont lieu uniquement la nuit à cause des progrès faits par les batteries anti-aériennes qui causaient trop de pertes en vol de jour. Les pilotes bombardent à vue, pas de radar encore moins de GPS, ils se repéraient donc avec les monuments éclairés et le dessin des axes de circulation ; chaque ville ayant une structure urbaine bien identifiable.


Ce projet un peu fou, qui semble bien dérisoire face à une escadre de bombardiers n'a pas eu le temps de montrer son efficacité, la signature de l'Armistice mettant fin aux combats peu après le début de la construction de ce leurre lumineux. Il ne reste donc pas grand chose de ce projet mais des documents précis montrent l'ampleur de l'entreprise. Les plans prévoyaient des structures rudimentaires en bois pour reconstituer les gares, les rues et les grands monuments, le tout éclairé la nuit grâce à la fée électricité. Une fois ce leurre en place, le vrai Paris devait être plongé dans le noir total pour finaliser l'artifice.


Xavier Boissel, dans son livre "Paris est un leurre" aux éditions Inculte, retourne sur les traces de ce double de Paris et fait le récit de l'arpentage du terrain, une expérience sémiologique plus qu'archéologique au vu du peu d'éléments restants. L'idée n'étant pas de chercher des traces effectives de ce leurre mais plutôt de sentir l'esprit du lieu, d'apprécier le travail du temps et les interprétations qui s'offrent à ceux qui regardent la réalité autrement. J'ai eu la chance de participer aux deux arpentages sur zone, à Herblay puis à Gonesse. Hasard géographique, mise en scène douteuse ou bug dans la matrice on fait de notre parcours un enchainement de découvertes chargées de sens... Sur le site A2, où devaient prendre place les reconstitutions de Saint Denis et des gares du Nord et de L'Est, le bunker qui défendait le générateur électrique abrite aujourd'hui un terrain de paint ball, on trouve également un stand de ball trap et le lieu du crash du Concorde... Dans cette zone où devait prendre place une des plus grande opération de désinformation visant à sauver Paris, on retrouve aujourd'hui une mise en scène de la guerre et l'endroit qui a profondément marqué l'histoire de l'aéronautique. (page web illustrant les parcours) Pour avoir le récit complet, achetez le livre ! :) 


Mais l'histoire ne s'arrête pas là. À peine remis de nos excursions, Auchan annonce vouloir construire le plus grand centre commercial d'Europe aux portes de Paris. Ce complexe gigantesque nommé Europa City devrait proposer  250 000m2 de commerces, 160 000m2 dédiés aux loisirs, 30 000m2 de salles de spectacles des studios et une piste de ski. 

Le site retenu pour installer cet équipement démesuré n'est autre que le triangle de Gonesse, l'endroit même où une partie du faux Paris devait prendre place... 

Quatre grandes agences planchent actuellement sur le projet. L'ampleur du programme oblige de travailler à l'échelle du territoire, la soucoupe volante de Big ou le soulèvement de sol de Snohetta reprennent cette idée en proposant de poursuivre le paysage rural sur le toit du complexe. Le projet de Valode et Pistre frôle de peu l'idée que vous devinez surement déjà, en proposant un carré abstrait en dessous duquel coule une "rivière"...


Lorsque l'on travaille un programme aussi important et diversifié, la question du plan régulateur se pose...
Après avoir suivi les traces du faux Paris, ce master plan est tout trouvé! Pourtant aucune proposition ne reprend la forme des rues de la capitale. En se fondant sur les traces du faux Paris, le projet prendrait une dimension historique et ironique, calquant la capitale pour lui offrir un double ludique. Jouant sur cette image et affichant une dose de second degré, le complexe commercial pourrait tenter de se substituer au vrai Paris, ceux qui ne cherchent que le fun et les boutiques ne seraient pas dérangés par l'absence de la tour Eiffel... Plus proche de l'aéroport, cette copie "idéale" permettrait de "parcourir Paris" sans même y mettre les pieds !!! Avant de succomber dans l'écueil du pastiche, nous sommes forcés de constater que la proche périphérie parisienne est déjà adepte du genre. Les villages fraîchement sortis de terre à Val Europe reprennent sans rougir les codes de l'habitat traditionnel francilien.

Ici il n'est pas question d'organiser une énième mise en scène post moderne, mais plutôt d'interpréter le tracé des rues de Paris comme base de départ pour que ce vaisseau du fun mondialisé et détérritorialisé se pose quelque part...

28 avr. 2012

[Rouen...La ville débordante] by City-in-Progress

Nous sommes heureux de vous présenter ce travail effectué dans le cadre d'un appel à projet lancé par la ville de Rouen. Il s'agissait de laisser libre cours à son imagination pour rêver le Rouen du futur.

Puisant dans de nombreux thèmes que vous pouvez retrouver à travers les articles de ce blog, nous avons proposé un projet axé sur les nouvelles pratiques "Fun" de la ville, au coeur d'un Rouen exagérément inondé.

Vous pourrez retrouver ce travail sous forme de maquette/présentation au cours de la prochaine exposition "RÊVER ROUEN" qui aura lieu dès le mois d'octobre au sein de l'Abbatiale Saint-Ouen de Rouen

(cliquez sur l'image pour afficher le diaporama) 

16 avr. 2012

Lille Terril nouveau panorama urbain

Une ville avec du relief c'est beau non ? Malheureusement, à Lille, le sol est désespérément plat. C'est pour cela que nous proposons de déplacer un terril au cœur de la métropole. Autrement plus utile que les bébés dinosaures noirs qui envahirent la rue Faidherbe pour la saison culturelle Lille3000 en 2009, cet emblématique repère offrirait un point de vue panoramique aujourd'hui absent sur la ville. Ses pentes deviendraient un nouveau point de rencontre de jour comme de nuit et un gradin naturel à l'échelle de la ville. Luge en hiver bronzette en été, voila un nouveau support pour de nouvelles pratiques urbaines que les lillois ne manqueront pas de s'approprier!  

il reste à déplacer les 24 000 000 de mètres cube du 11/19 non loin des tours de Jean Nouvel...


17 mars 2012

Demain les chantiers iront plus vite

Après avoir considérablement réduit la durée de vie des bâtiments, il ne restait plus qu'à accélérer les chantiers. Pour garder le bâtiment 10 ans, autant le construire vite. Ce sont les chinois qui remportent haut la main le record de rapidité avec un hotel de 30 étages construit en 15 jours !



Sur un autre chantier, les quadricoptères, quand ils ne font pas de la musique, proposent de nouvelles façons de penser la construction. Surtout quand on fait le parallèle avec les projets d'architecture modulaires qui se dessinent à l'horizon de nos villes ici. Forcément nous ne sommes pas loin de plug-in city d'Alain Bublex ici



Alors que les imprimantes 3D commencent à prendre place dans les fab-lab avant d'arriver chez vous. La technique interesse les professionnels du bâtiment qui pensent imprimer des maisons entières... vidéos ici Ou comment innover sans rien inventer... 

hooo la jolie maison pavillonnaire, y a plus qu'a mettre les nains de jardins

Ça marche aussi pour les routes... Grace à Tiger-Stone cette société hollandaise vous pose une belle route pavée en un clin d'œil, la bête en marche ici

7 mars 2012

L'écologie n'est qu'un jeu


Enfin Sim City refait surface, ce jeu culte où nous avons tous essayé de faire des villes toujours plus belles, plus grandes et mieux pensées avant de les regarder sombrer dans le chaos total suite à une éruption volcanique ou à une attaque extra-terrestre.

En 2012, une nouvelle composante vient pimenter la palette des possibilités. En tant que maire vous aurez à choisir entre une ville industrielle, pleine de cheminées d'usines polluantes et de porte-conteneurs venus de l'autre bout de la terre, gaspillant ainsi les ressources limitées de votre précieuse planète virtuelle. Ou vous pourrez prendre le parti de l'écologie et du développement durable, pour une ville 100% propre tournée vers l'avenir.

Cette vision manichéenne, simpliste et réductrice qui veut opposer les industries polluantes basées sur le pétrole et le charbon contre les énergies renouvelables non polluantes, passe dans un jeu vidéo quoi que...

écouter le petit ange ou diable qui chuchote dans votre oreille ? 

Sauf que ce schéma se retrouve ailleurs, la dernière pub Peugeot pour sa 3008 4x4 hybride ici nous montre une femme blanche lumineuse en combinaison LED high-tech et un homme noir le corps luisant de sueur, courant côte à côte avant de fusionner pour donner le fameux 4x4 hybride...

Relier l'homme noir au modèle polluant du pétrole n'est déjà pas très habile, alors que la jeune femme occupe la bonne partie du moteur... Maintenant que l'occident s'est suffisamment goinfré d'énergie fossile pour alimenter sa croissance, il est un peu facile de reporter la faute sur les autres qui se développent encore avec ces ressources moins chères et plus faciles à mettre en place, à chacun sa dose de pollution!

Pour revenir au jeu, passons sur les détails SIMCORP vs. SIMTECH et les deux plans avec le dinosaure, où un loisir de masse devient un art réservé à une élite reclue sur le toit de son immeuble... Mais revenons à la fin de la vidéo, après la panne de courant généralisée sur la ville, c'est bien une centrale nucléaire qui semble réconcilier tout le monde... Cette imposture idéologique se concrétise par une caricature formelle avec le surgissement des eaux de la centrale telle le nouveau messie venu sauver les hommes du black-out !! beau message... le lobby du nucléaire ne serait-il pas loin ?


Tiens justement l'industrie nucléaire est en embuscade pour défendre ses intérêts face aux méchants écologistes. C'est là que ressort un ancien clip publicitaire d'Areva qui nous vantait les vertus de cette énergie propre et sûre... S'appuyant sur l'histoire et cette décidément négative et honteuse période industrielle pour nous montrer le monde de demain si nous leur faisons confiance... 


Une belle centrale en bord de mer, elle ressemble étrangement à une autre centrale japonaise... 

Au final le défi écologique n'est qu'un jeu, à nous de passer tous les niveaux sans encombre ; le boss final en 2012 ? ;) 

5 mars 2012

Tristes touristes


Rome début février.... L'imaginaire imprégné par Truman show il ne m'en faut pas plus pour me demander si tout cela bien réel. Sommes nous vraiment à Rome, ou simplement dans une fidèle reconstitution comme Disney sait si bien les faire. Idée folle ? Pas tant que ça, les professionnels du tourisme n'ont plus de scrupules depuis bien longtemps comme le montrent ces photos de Reiner Riedler, plus ici

Turquie, Antalya, Lara Beach : Superman piquant un tête dans la piscine du Kremlin

Dubai : Faire du ski par 35° à l'ombre


"Dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux" Guy Debord

L'expérience du réel, sentir la matière, parcourir l'espace, s'imprégner de l'histoire, tout cela semble superflu maintenant ; tant que vous rentrez de vacances avec suffisamment de preuves de votre visite à partager avec votre cercle d'amis virtuels. Toujours dans la fuite du réel, sur un de ces "paradis flottants" le tangage du bateau n'est même plus tolérable et nuit au bon plaisir des touristes à la recherche de l'évasion... ici 

À défaut de copier tous les sites touristiques et libérer les originaux, pour le moment on peut essayer de les faire disparaitre de nos souvenirs numériques... 

12 janv. 2012

Urbanistes méconnus, le clash ! (partie 1/3) : Mickey




Mickey... ce grand urbaniste ? 

A l'heure où les villes, semble-t-il, tendent de plus en plus à ressembler à des parcs d'attractions pour touristes-citadins 2.0, explorateurs dans leur propre environnement mais adeptes d'un mode de vi(e)lle aseptisée, on peut se demander si l'urbanisme et les politiques qui sont derrière ces transformations ne puisent pas leur source chez la célèbre souris aux grandes oreilles.

Les parcs à thème et "resort" Disneyland, Disney World, Disneyland Paris et autres adaptations asiatiques peuvent sans doute compter parmi les plus grandes opérations urbanistiques du siècle dernier. Construire à partir du vide, aménager un espace libre de toute histoire (si ce n'est agricole), sans contrainte de tissu urbain pré-existant, de respect du patrimoine ou de prise en compte des aspirations des citadins; cela n'est-il pas le terrain de jeu rêvé pour un penseur de ville moderne ?


Ah ça, Monsieur Walt a dû kiffer sa race d'urbaniste mégalo, enfermé dans sa "Florida room" en Californie pour l'élaboration de son gigantesque projet de ville du futur sur le site de Walt Disney World d'Orlando (les parcs à thèmes furent alors relégués au rang de machines à fric pour financer la démesure et la folie d'un tel projet).


EPCOT, pour Experimental Prototype Community of Tomorrow.. tout un programme. Une ville futuriste conçue avec la naïveté propre à une époque où l'on rêvait un début du XXIème siècle fait de voitures volantes et de vacances sur la Lune. 

Outre l'aspect onirique du projet, il est intéressant de constater que Walt Disney reprend à son compte bon nombres de théories fonctionnalistes à la Charles-Edouard Jeanneret.


Séparation des circulations avec une grande station multimodale centrale où convergent les grandes autoroutes extérieures et d'où est distribuée l'ensemble des circulations urbaines intra-muros. 


Séparation des fonctions avec une zone commerciale et un centre des affaires au centre, une ceinture verte séparant le coeur de ville des lieux d'habitation. Une carte colorée comme les aiment les adeptes de l'urbanisme de secteurs. 



Sur le plan architectural, le projet EPCOT poursuit la lancée de "l'architecture réconfortante" telle que pratiquée par Walt Disney et ses sbires. Dans le centre commercial géant et couvert, il est proposé aux clients un voyage à travers les grandes villes du monde occidental, dans un parti pris architectural rétrospectif. Il s'agit d'évoquer "le bon vieux temps", celui des petits commerçants, de la bonne morale, de la sécurité et de la convivialité entre voisins, comme cela est pratiqué dans tous les parcs à thèmes du groupe à travers le monde avec la célèbre "main street" accueillant les visiteurs. 



Autant dire qu'ici, Walt fait le grand écart avec les principes précédents qui relevaient d'un modernisme exalté reléguant dans le passé les anciennes méthodes et les vieilles pratiques de la ville.

Le reve de Disney s'est-il réalisé ? Après la mort de Walt Disney en 1966 le projet EPCOT fut revu largement à la baisse car la nouvelle équipe en charge de la compagnie se trouvait devant un défi urbain insurmontable pour ce qui reste à la base un studio de cinéma, il faut le rappeler. Seul un parc à thème fut construit sur le site de Walt Disney World, celui-ci ayant pour thème l'innovation technologique et industrielle dans la lignée des expositions universelles de la fin du 19ème siècle. 

La Walt Disney Company n'a cependant pas mis au placard ses projets immobiliers, loin s'en faut. Abandonnant la vision progressiste du père fondateur, la multinationale s'est retournée vers l'histoire, vers un passé largement mythifié, devenant leader incontesté de l'architecture postmoderne, une architecture adepte du pastiche et du vernaculaire standardisé, s'opposant frontalement à l'architecture internationale des buildings, des parois de verres et de la démesure.

Un quartier résidentiel de la ville de Celebration. So cute, isn'it ?

A Celebration en Floride et au Val d'Europe à Marne-la-Vallée, l'empire Disney s'est installé pour construire des villes hors du temps et de l'espace. Deux iles urbaines qui proposent aux plus riches un cadre de vie propre, et sécurisant, dans un décor de carton-pate qui n'en est pas un. 

Le centre-ville du Val d'Europe. Apparemment ancien, réellement nouveau. 

Etudié par le sociologue Hacène Belmessous dans "Le nouveau bonheur français", le cas français du Val d'Europe est analysé sous l'angle de l'exclusion, de la privatisation de la conception d'un espace urbain néo-libéral. Fondé sur l'individualisme, cette ville largement privée jette le discrédit sur les grandes opérations urbaines de la seconde moitié du XXème siècle, la politique des grands ensembles notamment. Les propriétés privées gérées par des promoteurs immobiliers peu scrupuleux de mixité sociale sont construites selon des conventions architecturales dictées par la Walt Disney Company elle-meme. Au Val d'Europe, point de salut pour les marginaux, les catégories populaires ou meme la classe moyenne inférieure. Nombre d'habitants, "las d'une ville usée par le conflit et le chaos" déclarent ainsi leur fierté "d'avoir payé souvent très cher et sans discuter leur droit à la perfection du bonheur"

Le new urbanism dans toute sa splendeur

Cette façon de concevoir la ville a été théorisée avec le mouvement du "New Urbanism" fondé sur les principes qui ont édicté la construction de la ville de Célébration en Floride. Cette révolte face aux supposées monstruosités d'un urbanisme plus soucieux de cohésion urbaine mais générateur de conflits sociaux a maintenant ses adeptes parmi les professionnels français. L'urbanisme disneyien a fait des petits, que ce soit au Plessis-Robinson ou au Port Grimaud, voir

Mais est-ce qu'un urbaniste qui ignore ouvertement les problématiques sociologiques et économiques et l'histoire d'un territoire est réellement un urbaniste ? Visiblement, avec Mickey, tout devient possible mais pas pour tout le monde.


8 janv. 2012

Vers une nouvelle mobilité urbaine


Suite à notre petit inventaire des nouvelles pratiques de la mobilité extrême, voici quelques applications accessibles pour le commun des citadins. En attendant de voir un métro tournoyer entre les buildings pour en desservir les étages les plus hauts, vidéos ici, quelques expériences abordent la mobilité urbaine dans une nouvelle dimension.

C'est le cas du Métropole Parasol de Séville qui offre une vision totalement inédite de la ville et laisse imaginer de nouvelles façons de s'y déplacer. Pour le moment le circuit permet juste de faire le tour du site, mais ce type d'infrastructure pourrait être "greffée" à un tissu urbain déjà existant offrant ainsi une nouvelle manière de parcourir la ville. 



Dans le même style, un autre circuit piéton en Allemagne près de Duisburg, plus de d'info ici. Ces expérimentations témoignent du regain d'intérêt pour la mobilité piétonne en ville. Après l'échec de l'urbanisme sur dalles, ces circuits alternatifs faits de passerelles offrant plus de souplesse et de légèreté, sont peut-être une des solutions. 


Dans un autre registre et dans un autre milieu, après l'installation d'un téléphérique dans les favelas de Rio, c'est maintenant une enfilade d'escalators qui vient compléter la panoplie possible des transports en milieu urbain très dense et escarpé. Ces réponses ne sont-elles pas plus excitantes que la déferlante de tramways en site propre ou que les prochaines armada d'auto-lib qui vont envahir nos villes suite au "succés" du service ?

le Métrocâble au dessus des favelas de Rio

escalators dans un bidonville en Bolivie

Pour le moment nos administrations et nos chers politiques ont 30 ans de retard, si ce n'est plus. Mais nous pouvons espérer que le renouvellement des générations fera table rase de tout cet immobilisme en matière de mobilité. Heureusement les consultants indépendants et autres jeunes urbanistes et utopistes (ou les deux?) se chargent de repenser la mobilité de demain au croisement de ce qui se fait aujourd'hui. Ici, l'interview de François Bellanger, animateur du programme de consultation Transit-City et rédacteur de l'excellent blog associé ici.


Ces capsules de verre suspendues à des rails en pleine ville, vision utopique ? Pas tant que ça, récemment Google a investi 1 million de dollars dans la société Shweeb qui produit ce drôle de monorail à pédale. Nous verrons peut être bientôt les développeurs jeunes et branchés de Google traverser le campus de l'entreprise à bord de ces capsules.

Cet inventaire n'est bien entendu pas exhaustif mais il présente une partie de ce qui se fait de nouveau en matière de mobilité. Bien que ces expériences ouvrent le champ des possibilités elles restent associées à des infrastructures très importantes nécessitant des investissements énormes. Ce n'est que devant le mur que les autorités responsables, qui pourrissent la vie des automobilistes au lieu de proposer de réelles alternatives ou qui dessinent des itinéraires de tramway dont personne ne veut, accepteront peut-être d'écouter d'autres discours et d'essayer de nouvelles choses. En attendant quelques éléments de réponses sont déjà entre nos mains comme les smart-phones qui peuvent rapidement mettre en relation des automobilistes se rendant au même endroit grâce à des applications dédiées. Ces mêmes smart-phones qui rendent plus facile l'utilisation des services de vélos en libre services indiquant en permanence à l'utilisateur averti le nombre de vélos disponible dans chaque station. De véritable communautés de citadins connectés se mettent en place faisant une utilisation plus intelligente de l'offre de transport aujourd'hui à notre disposition. 

3 janv. 2012

Pause onirique 3

La frénésie d'une ville de 7 millions d'habitants, Saigon au Vietnam. Une activité humaine que notre vieille Europe ne supporterait surement pas. Mais surtout un incubateur de nouvelles pratiques urbaines à grande échelle. Les enjeux de demain se sont eux aussi délocalisés vers ces pays émergents qui ont soif de développement et ne sont pas encore sclérosés pas les réglementations et les administrations.